Initiation

LES FONDEMENTS DU CAPITALISME

Pour tous ceux qui débutent, voici une description de ce que sont les fondements philosophiques et doctrinaux de notre système, ainsi que leur critique.


SOMMAIRE

Introduction : les principes
I/ Les fondements du capitalisme
A Les fondements juridiques du capitalisme
B Les fondements idéologiques du capitalisme
C Les fondements économiques du capitalisme
II/ Divergences d’analyse
A. L’analyse libérale, l’économie
de marché
B. L’analyse marxiste : critique du système capitaliste
  1) L’élément fondamental : l’extorsion de la plus-value
  2) Le but commun du système : le profit pour l’accumulation de capital
  3) La critique marxiste de l’individualisme libéral
 

Les principes :

Analyser le capitalisme consiste à déterminer les éléments fondamentaux
de ce système et leur « but commun ». Un élément sera fondamental
si sa suppression remet en cause le système tout entier. Pour reprendre
l’image de l’organisme vivant, la décapitation prouve que la tête
est un élément indis-pensable à ce « système » alors que l’amputation
d’un membre n’entraîne pas les mêmes effets !

Quels sont donc les éléments fondamentaux du système économique
en vigueur dans les pays occidentaux actuels ?

Le système capitaliste tel que le connaissent aujourd’hui les
grandes nations industrielles, n’a pas toujours existé. Il est issu
d’un ensemble de circonstances historiques et de faits sociaux qui
se sont combinés au progrès technique pour constituer un système
appelé à évoluer encore.

En effet, après la première révolution industrielle, il se renforce
et se structure dans les pays occidentaux puis il s’étend au-delà
de leurs frontières et connaît une expansion de type colonial. Puis
le capitalisme parvient à une phase de son évolution longtemps considérée
comme son apogée : la « société de consommation ».

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I/ Les fondements du capitalisme :

Le système capitaliste repose sur des fondements :

– d’une part juridiques, qui définissent les droits des citoyens
et la liberté d’entreprise,

– d’autre part idéologiques, dont les bases sont le libéralisme
qui se traduit par l’individualisme et les lois du marché ;

– enfin économiques, exprimées par les lois naturelles régissant
l ‘économie et le rôle moteur du profit.

Le capitalisme est un système commun à de nombreux pays mais présente
des formes très diversifiées ; toutefois cette apparente contradiction
se trouve résolue grâce à ses fondement individualistes qui lui
ont permis des évolutions différentes tout en respectant les moeurs
et les cultures des nations au sein desquelles il s’est implanté.
Par exemple, les capitalismes suédois ou néerlandais, dans lesquels
l’Etat et la protection sociale jouent un rôle prépondérant, sont
fort différents du capitalisme américain beaucoup plus libéral ;
de même il est difficile de comparer le système français, encadré
et réglementé, avec le capitalisme « sauvage » des nouveaux pays industrialisés.

Bien que capitalisme se soit construit, au moins à ses débuts,
de façon spontanée, il repose sur un certain nombre de lois. Les
fondements juridiques s’appuient sur des textes législatifs qui
confèrent à leurs citoyens des droits en matière de liberté d’ action
et de propriété individuelle. D’autre part, sur le plan économique
les sociétés capitalistes modernes fonctionnent à partir de mécanismes
et de concepts fondamentaux comme la division du travail, les prix,
la monnaie, les marchés. Enfin, le capitalisme est sous tendu par
une idéologie : le libéralisme ; elle peut selon les pays, les époques
(et les auteurs) revêtir des formes diverses et exercer sur les
structures du capitalisme différentes influences. Le libre jeu du
marché et la non-intervention de l’ Etat, le rôle de l’intérêt individuel
dans le comportement de l’agent économique en sont les principes
essentiels.

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1 Les fondements juridiques du capitalisme :

Le système capitaliste démocratique, tel qu’il apparaît aujourd’hui
en Europe ou aux Etats-Unis, repose sur un certain nombre de règles.
Le respect de ces règles assujettit la vie économique et lui assure
une certaine cohérence.

Ces règles peuvent être groupées en trois catégories :

*La liberté de la propriété individuelle, transmissible par héritage,
et sans restriction quantitative (les plus grosses fortunes peuvent
être transmises) porte sur tous les biens possédés, et particulièrement
sur les moyens de production. Cette propriété peut être soit individuelle,
soit sociétaire. En effet, pour répondre aux besoins de capitaux
de plus en plus importants exigés pour assurer le financement les
investissements de la grande entreprise, les sociétés par actions
ont été créées en 1867.

* La liberté du travail signifie que chaque individu a le droit
de choisir son activité. Aucune profession ne peut lui être imposée,
cependant, l’accès à certains métiers est réglementé.

* La liberté d’entreprise signifie que tout individu est libre
de créer une entreprise, à condition toutefois qu’il puisse avancer
les fonds nécessaires pour financer les facteurs de production.
A l’issue de la production, l’entrepreneur peut réaliser un profit
qui lui permet d’accroître son capital.

L’usage de ces libertés est guidé par l’intérêt personnel, car
en système capitaliste, les agents économiques sont seuls juges
de ce qui est bon pour eux. Cette morale a souvent été critiquée,
car elle s’ oppose à certaines vertus telles que la solidarité et
la fraternité, très répandues dans d’autres types de sociétés. Mais
les partisans du capitalisme et en particulier, les libéraux pensent
que l’intérêt personnel est le meilleur garant de l’efficacité économique.

Cependant, il existe des capitalismes non démocratiques. Ce n’est
pas parce que le régime de la libre entreprise existe dans un pays,
que pour autant sont garantis le pluralisme des partis politiques,
les élections libres, la liberté d’opinion et d’expression et l’absence
de racisme. On peut trouver dans le passé, de nombreuses illustrations
de ce capitalisme non démocratique, dans les systèmes capitalistes
de type corporatiste, fascisme, nazisme, etc… et actuellement,
on peut encore l’ observer, dans certains pays du Proche-Orient
et surtout d’Amérique Latine.

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2 Les fondements idéologiques du capitalisme :

Le libéralisme est l’ idéologie sur laquelle repose le capitalisme.
Le libéralisme est à la fois une théorie, une doctrine, un programme
et une pratique. Il est lié, de façon indiscutable, au principe
de liberté. Aussi le libéralisme constitue-t-il le fondement idéologique
du capitalisme dans la mesure où il s’attache à promouvoir la liberté
économique sous toutes ses formes.

Dès 1776 avec la parution de la « Richesse des nations »
d’Adam Smith, les principes du libéralisme, dans leurs grandes lignes,
sont nettement exprimés. Ils se rapportent tous à l’individu, liant
ainsi fortement libéralisme et individualisme. Les individus, doués
de raison, capables de déceler leurs propres avantages, doivent
suivre leur intérêt personnel. La liberté leur donne la possibilité
de déterminer eux-mêmes leurs actions, dont ils sont pleinement
responsables, au sein du monde où règne la concurrence entre les
individus.

Ces quatre principes: liberté, intérêt personnel, responsabilité,
concurrence jouent par le biais de l’offre et de la demande dans
une économie de marché qui requiert deux institutions fondamentales:
la propriété privée et le contrat, ou la liberté de contracter.

Les libéraux tirent de cette analyse deux conclusions essentielles.
Les individus étant libres dans leurs choix, l’ intérêt bien compris
de chacun, en d’autres termes l’égoïsme individuel, pousse à l’utilisation
la plus efficace possible des ressources et doit ainsi permettre
la satisfaction des besoins de tous. Ce sont les prix des produits
qui guident chacun dans ses choix, qu’ i1 soit producteur ou consommateur.
Que la demande d’un produit soit supérieure à l’offre et que son
prix augmente, les chef d’entreprises sont incités à modifier leur
production, à rendre plus adéquate à la demande l’allocation des
ressources. Les prix tendent ainsi à imposer un ordre préférable
aux autres, pour ainsi dire naturel.

Laissez faire, laisser aller, cela signifie que l’Etat se désengage
du fonctionnement de l’économie. L’Etat doit se contenter des fonctions
de police et de sûreté, c’est-à-dire se cantonner à la défense des
droits de propriété contre les différentes atteintes qui les menacent
tant de l’intérieur que de l’extérieur.

La fonction des lois, dans la pensée libérale, est d’assurer la
protection de cette sphère dans laquelle chacun peut se conduire
comme il le veut, ce qui implique qu’elles délimitent la latitude
d’action laissée à chacun de telle sorte que les différentes libertés
puissent coexister pacifiquement.

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3 Les fondements économiques du capitalisme :

Le capitalisme constitue un système économique comportant des
caractéristiques communes à tous les pays où il s’applique, mais
dont les modalités observées restent contingentes.

Paul Samuelson – Américain, prix Nobel d’économie – indique ici
trois grands axes caractéristiques, articulés autour des concepts
clés : le capital, la division du travail et la monnaie.

Une autre caractéristique importante est constituée par le marché,
c’est-à-dire le « lieu » de rencontre de l’offre et de la demande.

La société économique moderne comporte trois caractéristiques
importantes :

1 . La technologie industrielle avancée des temps modernes est
fondée sur l’utilisation d’ immenses quantités de capital, équipement
mécanique perfectionné, fabriques et usines opérant sur une grand
échelle, magasins et stocks de produits bruts, semi-finis et finis.
Notre économie a été baptisée « capitalisme » parce que ces capitaux
ou richesses sont en majeure partie appropriés par des individus
: les capitalistes.

2. Le système économique contemporain esl caractérisé par une
spécialisation des tâches poussée à un degré presque incroyable
et par une division du travail ultra-ramifiée.

3. Notre économie fait un usage extensif de la monnaie. Le flot
de monnaie est le sang qui irrigue le système. La monnaie nous
fournit également l’étalon de mesure des valeurs. Il existe des
corrélations tant entre ces caractéristiques elles-mêmes qu’entre
elles et le mécanisme des prix. Nous constaterons, par exemple,
qu’une division très poussée du travail n’est rendue possible
que grâce aux grandes facilités de commerce et d’échange procurées
par la monnaie. La monnaie et le capital sont reliés par les opérations
de crédit du système bancaire et par les marchés organisés de
capitaux sur lesquels les valeurs mobilières peuvent être converties
en monnaie (et réciproquement). Enfin, bien entendu, la relation
entre le mécanisme des prix et la monnaie est directe et évidente.

Un droit de disposer totalement des biens est donné à chaque individu
: c’est la propriété individuelle. Mais comme les individus doivent
se rencontrer pour échanger, ces rencontres sont organisées et consacrées
par la seule reconnaissance des contrats individuels. L’ensemble
de ces rencontres où s’affrontent ces sujets libres et tout puissants
forme ce qu’on appelle un marché. Un marché c’est en quelque sorte,
une arène où se heurtent des volontés autonomes : c’est une lutte
ou un jeu, où chacun s’efforce de triompher.

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II/ Divergences d’analyse :

Une telle analyse systémique des économies occidentales entraîne
de profondes divergences entre les auteurs. Bernard Billaudot écrit:
 » traditionnellement on parle, à droite, d’économie de marché et,
à gauche, de capitalisme pour désigner le mode dominant d’organisation
de l’activité économique dans l’ Occident moderne ( Alternatives
économiques Juin 86) ».

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A. L’analyse libérale,
l’économie de marché :

L’analyse libérale tourne autour des notions de marché et d’individu.

1) L’ élément fondamental: le marché

Les économistes libéraux se représentent l’économie comme un ensemble
de marchés. Au niveau de la production, l ‘entreprise est le carrefour
de plusieurs marchés. L’expression  » économie de marché » signifie
que la concurrence est l’élément fondamental d’ une telle structure
économique. Cette logique de marché oblige les entreprises à ne
pas faire de pertes si elles veulent assurer leur activité à long
terme. En effet, une entreprise capitaliste qui accumule des pertes
ne peut survivre pendant un certain temps (avant de disparaître
ou faire, de nouveau, des bénéfices), qu’en  » consommant  » son capital
et ses ressources propres pour payer ses dettes ou acquérir d’autres
biens puisque la demande sur n’importe quel marché doit être solvable.

2) Le but commun: la recherche de l’intérêt individuel d’où
découle l’intérêt général
:

Le mécanisme du marché décrit seulement le mode d’allocation des
ressources sans expliquer l’objectif d’une telle organisation. Pour
les libéraux. depuis A. Smith, le moteur de l’économie de marché
est la recherche de l’intérêt individuel. « Car ce sont les individus
qui, en recherchant le plus grand profit personnel avec le minimum
de coût, sont spontanément appelés à concourir pour réaliser l’intérêt
général. En effet. il est normal qu’ils recherchent la production
la plus avantageuse et la plus économique, les conditions socialement
et techniquement les meilleures (2).

3) Le fondement idéologique de l’analyse libérale: l’ individualisme
:

a) La liberté individuelle

Dans l’optique libérale, la production dépend de libre initiative
des individus. Cela signifie que le premier problème : « qui produira
? » et le second « comment produira-t-on ? sont résolus, de la façon
la plus simple, par la liberté. Chacun a le droit de combiner comme
il l’entend les divers facteurs de production : capital et main
d’oeuvre, pour fabriquer, en telles quantités et qualités qu’il
lui plaira, Ies marchandises susceptibles de faire l’objet d’une
demande sur le marché « . Dans le même sens, le consommateur est
 » libre » d’acheter ce qu’il veut, son choix étant guidé par ses
besoins et le prix (cf. les analyses marginalistes). Enfin,  » chaque
individu choisit de se spécialiser dans une branche de production
: création de marchandises ou de services pour laquelle il a le
plus d’aptitudes et de goût. Cette division libérale des productions
tend vers un optimum économique, puisque chacun est supposé s’employer
librement dans la position la plus rationnelle « . Cette notion de
« liberté individualiste » fut inscrite dans le droit français lors
de la Révolution de 1789. Selon le décret d’Allarde des 2-17 mars
1791, » il sera libre à toute personne… d’exercer telle profession
art ou métier, qu’elle trouvera naturelle… » Dans le même sens,
la loi Le Chapelier des 14-17 juin 1791 interdit tout groupement
professionnel et toute coalition dans le but d’empécher la reconstitution
des corporations. D’une façon générale, les rapports de travail
sont abandonnés à « l’autonomie de la volonté » :  » le contrat est
qualifié par le code civil de louage de services, le travailleur
louant contre un salaire sa force de travail (conception du travail-marchandise).
Il se forme librement et son contenu est librement fixé, notamment
le taux du salaire .

b) La responsabilité individuelle :

Si l’individu est libre de sa conduite, il est aussi personnellement
responsable de ses actes. Cette responsabilité est aussi bien pénale
qu’économique. Au niveau pénal, on a tendance à juger la matérialité
de l’infraction sans tenir compte des circonstances sociales et
économiques qui pourraient atténuer cette responsabilité individuelle.
Ainsi, en Angleterre, l’exode rural, provoqué par l’expulsion de
paysans de leurs terres à cause des  » enclosures « , fut à l’origine
d’une multiplication des mendiants à Londres.  » A l’époque où More
écrit L’Utopie(1516) il y a quelque 70000 mendiants à Londres, et
les jugements sommaires pour vol et vagabondage enverront au bourreau
70 000 vagabonds au cours des quatre dernières années du régne d’Henri
VIII (mort en 1547) « . Ces vagabonds, victimes de la nouvelle organisation
économique qui se met en place, n’en sont pas moins reconnus personnellement
coupables de « paresse » et de  » danger pour l’ordre public » ! Dans
le même sens, le code pénal napoléonien de 1810 était très répressif.
Des criminalistes comme Rossi et Ortolan de la moitié du 19° siècle
critiquaient ce code qui « punissait plus qu’il n’était juste »
en reposant sur le postulat implicite suivant: « l’existence en
chaque délinquant adulte et sain d’esprit d’un degré de liberté,
et par suite de responsabilité, égal ou quasi égal « . Au niveau
économique, la responsabilité entraine l’une des deux sanctions
suivantes : ou bien des bénéfices indiquant que l’activité est économiquement
rentable, ou bien des pertes signifiant que cette production est
indésirable sur le marché.

c) La propriété privée :

La Déclaration des Droits de l’ Homme et du Citoyen du 26 août
1789 stipule en son article 17 que la propriété est un « droit inviolable
et sacré ». Le droit de propriété donne le pouvoir d’« user », de
recueillir les  » fruits » et d’« abuser » (vente) des biens acquis.

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B. L’analyse marxiste : critique du système capitaliste :

L’ analyse marxiste est en désaccord avec l’analyse libérale en
tous points : le but commun, le moteur du système n’est plus l’intérêt
individuel et l’élément fondamental n’est plus le marché.


1) L’élément fondamental : l’extorsion de la plus-value

a) L ‘extorsion directe de la plus-value à l’origine de la lutte
des classes:

Pour Marx, le salaire ne représente qu’une partie de la richesse
produite par le prolétaire. L’autre partie est détournée par le
capitaliste sous la forme de plus-value de telle sorte qu’une part
du produit de son travail n’est pas payée au salarié. Marx appelle
cette part de travail « surtravail ». Il en résulte une exploitation
des producteurs (le prolétariat) par les non-producteurs (la bourgeoisie).
Le degré d’exploitation varie selon les époques car cette extorsion
de plus-value est le résultat d’une concurrence entre deux « logiques
» antagoniques : « la valeur ajoutée dans la production se partage
entre le travail et le capital ; c’est une donnée. Au terme de chaque
processus de production (ou de chaque mois, de chaque année ), la
part de l’un ne peut donc augmenter que si la part de l’autre diminue
« . Selon le rapport de force, la plus-value extorquée directement
sera plus ou moins importante mais, dans tous les cas, il y aura
nécessairement lutte entre les deux classes : capitalistes et travailleurs.

b) L’ extorsion indirecte de plus-value :

Ce phénomène d’exploitation dépasse le cadre étroit de l’entreprise
et s’étend indirectement à des structures économiques formellement
indépendantes (c’est-à-dire ayant la personnalité juridique) mais
économiquement dépendantes : petits paysans, sous traitants, …
à l’intérieur d’un pays, ou des pays pauvres dans leurs relations
avec les pays riches. Dans ce cas, la plus-value passe par des canaux
intermédiaires. Par exemple, le paysan indépendant juridiquement,
dont les coûts de production sont élevés (terres peu fertiles, petite
exploitation sans économies d’échelle, etc.) peut être obligé de
baisser le prix de ses produits à cause de la concurrence des grosses
exploitations dominantes ou d’une fixation autoritaire des prix.
Son revenu est alors inférieur à la valeur de la richesse qu’il
a produite.

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2. Le but commun du système : le profit pour l’accumulation de capital

L’analyse marxiste englobe le mécanisme du marché dans un ensemble
plus vaste ayant pour moteur l’ « accumulation du capital « . Cette
accumulation de capital s’effectue au sein de l’entreprise. C’est
ainsi qu’à la tête des entreprises se trouvent les capitalistes
qui ne sont plus les épargnants, comme dans l’analyse libérale,
mais les détenteurs du capital productif. L’objectif de ces capitalistes
est alors de transformer la plus-value découlant du processus de
production en profit pour payer les dettes afférentes au capital
engagé (machines, terrains…) et pour augmenter ce capital (accumulation
de capital). Le lieu de « réalisation de ces profits » est le marché.

a) La réalisation des profits à l’aide des  » marchandises » :

Alors que, dans l’économie artisanale urbaine de la fin du Moyen
Age (14° et 15° siècles), l’artisan travaille sur commandes, l’entrepreneur
capitaliste produit avant de savoir s’il vendra. De même, alors
que la production de l’artisan médiéval répond directement au besoin
de celui qui commande, l’entreprise capitaliste répond aux besoins
du marché. Le marché devient ainsi l’intermédiaire obligé de l’entreprise.
Il en résulte diverses conséquences :

– l’entrepreneur capitaliste prend le risque de ne pas transformer
la plus-value en profit si la production n’est pas vendue

– les biens ne sont plus produits pour leur valeur d’usage mais
pour leur valeur d’échange. L’entreprise capitaliste produit donc
des « marchandises » c’est à-dire des biens en vue de leur échange
sur le marché.

– la valeur d’échange primant sur la valeur d’usage provoque la
transformation de marchandise en monnaie.

b) La recherche de profits :

Faire des profits suppose, pour l’entreprise capitaliste, de trouver
des marchés qui transformeront les plus-values en profit commercial,
intérêts financiers, etc.

– Toute chose ou toute activité humaine peut devenir une marchandise,
c’est-à-dire être produite en vue d’un profit réalisé sur un marché.
Par exemple tous les services ménagers (vaisselle, lessive, cuisine)
deviennent de plus en plus marchands dans les pays riches, (achats
de lave-linge et de lave-vaisselle avec les produits correspondants,
achats de surgelés et de plats préparés, etc). L’autoconsommation
diminue ainsi au profit des marchés agro-alimentaires et électroménagers.

– Tout territoire et toute population représentent, pour le capitalisme
un marché potentiel. C’est pourquoi, depuis l’essor du capitalisme,
les mécanismes du marché se sont progressivement étendus à l’ensemble
de la planète au détriment des autres forme de transmission des
biens. « Alors que les modes de circulation antérieurs subordonnaient
les biens et leur transfert à la confrontation préalable des individus
et de leur statut social dans l’échange (marchand) les individus
se retirent derrière leurs produits et n’apparaissent plus que comme
vendeurs ou acheteurs, propriétaires de marchandises, mais étrangers
les uns aux autres, c’est-à-dire dépourvus de liens de parenté ou
d’alliance, de subordination ou de préséance, incompatibles avec
une telle opération  » .

c) La course au profit conduit à l’impérialisme :

Le profit est la conséquence de l’extorsion de la plus-value (cf.
ci-dessus). Or cette extorsion entraine de nombreuses contradictions
résolues par l’impérialisme, c’est-à-dire par l’exploitation de
pays tiers. Une première contradiction existe entre la volonté des
capitalistes de réduire les salaires et celle de vendre la production.
Une seconde contradiction provient du fait que seul le travail est
source de plus-value alors que les entreprises capitalistes, à cause
de la concurrence accroissent leur capital technique au détriment
de la main-d’oeuvre. Il en résulte du chômage mais aussi une « baisse
tendancielle du taux de profit ». L’impérialisme permet de résoudre
ces deux contradictions. Si les capitalistes veulent maintenir les
profits à un niveau élevé au détriment du marché intérieur (politique
de bas salaires), les débouchés extérieurs sont nécessaires pour
éviter des crises de surproduction. Si, en revanche, le taux d’exploitation
diminue à cause du niveau des salaires intérieurs ou d’un fort coefficient
de capital, les entreprises capitalistes recherchent, dans les pays
tiers, le moyen de reconstituer leurs profits :

– soit, par la production directe dans ces pays

– soit, par l’achat, aux pays du tiers monde, de produits agricoles
ou de matières premières à bas prix permettant d’extorquer de la
plus-value indirectement.

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3.La critique marxiste de l’individualisme libéral :

La critique marxiste de l’individualisme libéral repose sur la
distinction entre « droits formels » et « droits réels ». Le système
juridique en vigueur dans les pays capitalistes donne la liberté
 » sur le papier » alors que les rapports de production contraignent
le prolétariat à se vendre. L’égalité proclamée, occulte le rapport
d’exploitation conduisant à la lutte de classes entre le prolétariat
et la bourgeoisie.

a) Le prolétariat :

Le prolétariat est dépourvu de moyens de production et contraint
d’offrir sa force de travail. « Précisément l’offre de cette marchandise
particulièrement sur un marché ne peut se réaliser que dans des
conditions historiques particulières, il faut au moins deux conditions
: que les propriétaires de cette force de travail ne soient pas
propriétaires des moyens de production, notamment de capital, et
qu’ils ne puissent pas le devenir. Il faut donc qu’ils soient absolument
arrachés aux conditions de production anciennes et qu’ils soient
en même temps séparés des moyens de production capitalistes. (…) »

b) La bourgeoisie

La bourgeoisie est formée des capitalistes détenteurs des moyens
de production c’est- à-dire du capital dont ils sont propriétaires.
En d’autres termes, le droit de propriété justifie leur pouvoir
d’extorquer la plus-value ou surtravail au prolétariat. Cette analyse
marxiste conduit, donc, ses défenseurs, non pas à chercher à réformer
le système capitaliste comme le proposent certains libéraux mais
à le renverser.

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Testez vos connaissances !

PLAN DE TRAVAIL

Essayez de répondre aux questions ci-dessous, par écrit si vous préparez la dissertation …

QUESTIONS:

1/ Commentez la phrase soulignée, en donnant des
exemples de « circonstances historiques », de « faits sociaux » et de
« progrès technique ».(Aller dans « Les principes »).

2/ Montrez à partir d’exemples pris dans l ‘Histoire
et dans le monde contemporain, que « pays capitaliste » ne veut pas
dire  » pays démocratique » .

3/ Expliquez pourquoi, dans l’idéologie libérale,
la recherche de l’intérêt personnel de chacun conduit forcément
à la satisfaction de l’intérêt général. Qu’en pensez-vous ?

4/ Qu’appelle-t-on spécialisation et division du travail
? Quels sont leurs avantages et leurs limites ? Quelles sont les
tendances actuelles sur ce plan là, dans les grands pays capitalistes
?

5 /Faites une analyse critique de l’analyse libérale
en montrant que la réalité du capitalisme aujourd’hui contredit
certains de ses principes :

– Montrez que la recherche de l’intérêt personnel
ne conduit pas forcément au bien collectif.

– Montrez que le consommateur n’est pas forcément
« libre d’acheter ».

– Montrez que l’individu n’est pas forcément responsable
de ses actes.

6/ Pourquoi les marxistes estiment-ils que le système
capitaliste est condamnable et condamné par l’histoire.

7 Faites une analyse critique de l’analyse marxiste
en montrant par exemple que :

– La réalité des entreprises aujourd’hui permet parfois
mal de distinguer « capitalistes » et « prolétaires ».

– L’histoire du capitalisme au 20 ème siècle a révélé
qu’il était capable de surmonter partiellement ses contradictions
.

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