Monnaie-ex-nihilo

La création monétaire est le processus par lequel la masse monétaire d’une zone économique (comme la zone euro) est augmentée.
Par le passé, l’augmentation de la masse monétaire était obtenue par émission de pièce de monnaies (en or, en argent, en bronze…), ou par émission de billets. Sous l’empire de la monnaie métallique, la masse monétaire était directement liée à la quantité de métal disponible, en fonction du destin des mines (découvertes, épuisement, « ruée vers l’or ») et des autres flux de métal (commerce, pillage, tribut et rançon, etc.).

Désormais, du fait que tout le monde possède un compte en banque, l’émission de ce type de monnaie physique n’augmente plus la masse monétaire : en effet, cette monnaie, billets et pièces, est mise à disposition des banques commerciales par les banques centrales, et lorsqu’un client vient retirer du liquide, son compte est débité d’autant. Il n’y a donc pas augmentation de la masse monétaire globale.

À notre époque, l’essentiel de la création monétaire est une création de monnaie scripturale, et se réalise au niveau des banques commerciales privées, lors de l’octroi d’un crédit. En effet,lorsqu’un crédit est accordé, la banque crée la monnaie nécessaire à ce crédit par un simple jeu d’écriture dans un livre comptable.

Les banques peuvent donc prêter beaucoup plus de monnaie qu’elles n’en ont dans leurs fonds propres et dans les divers dépôts de leurs clients (comptes courants, plans d’épargne, etc). Le comité de Bâle a néanmoins fixé des limites au volume de crédits qu’une banque peut octroyer.
Lorsque le client obtient son prêt, la banque crée la somme nécessaire, mais cette monnaie est détruite lorsque le client rembourse son prêt. Cette création monétaire est donc provisoire, et crée donc une fluctuation constante de la masse monétaire globale.

Si la création monétaire par les banques commerciales est prépondérante, il existe d’autres types de création monétaires de moindre importance. Par exemple, lorsqu’une entreprise reçoit un virement de l’étranger en devise étrangère, la banque qui tient son compte va créditer ce compte en euro par création monétaire, et va acquérir une créance sur le pays étranger en question.

Autre exemple, une banque centrale peut financer le déficit budgétaire d’un état, en prêtant de la monnaie à cet État, monnaie qu’elle aura créée par un simple jeu d’écriture comptable. Ce processus est résumé par l’expression « faire fonctionner la planche à billets ».

Maurice Allais considérait en 1999, dans La Crise mondiale aujourd’hui, comme « inappropriée » la structure de création monétaire actuelle. Il considère le système actuel comme instable et risqué, les engagements et les créances n’étant pas nécessairement au même horizon et le risque d’un retrait massif de liquidités par les épargnants étant toujours possible.

Ainsi, selon Allais, « L’économie mondiale tout entière repose aujourd’hui sur de gigantesques pyramides de dettes, prenant appui les unes sur les autres dans un équilibre fragile ». Il appelle de ses vœux un système où la création monétaire ne relève que de l’État, dans un cadre de régime de change fixe.