La crise sanitaire que nous connaissons depuis un an, a révélé les limites des différentes politiques économiques mises en œuvre depuis plus de vingt ans dans notre pays et dans les pays de l’Union européenne. Les gouvernements successifs ont fait le choix de réduire les dépenses publiques et les impôts au nom de la politique de l’offre. Cette réduction a contribué à l’affaiblissement de notre système de santé, le rendant ainsi très vulnérable face aux risques sanitaires de grande envergure que nous connaissons actuellement.
La politique économique de l’offre affaiblit notre système de santé…
Avec moins d’impôts, les hôpitaux manquent de moyens médicaux pour sauver des vies en période de crise sanitaire grave.
Faute de personnels en nombre suffisant, ils sont contraints de déprogrammer des chirurgies vitales.
Il a fallu vivre une crise pandémique avec deux vagues successives pour s’apercevoir que ces réductions sont nuisibles à notre dispositif sanitaire et donc à notre santé.
Il a fallu attendre juillet 2020 pour qu’enfin un plan de santé soit mis en œuvre, reconnaissant l’engagement de ceux qui nous soignent et pour qu’enfin les dépenses de santé soient considérées comme un investissement.
C’est pourquoi notre système de santé, ne doit plus être géré selon un mode de gouvernance managériale préférant l’efficience comptable à l’efficacité des soins. Il doit désormais être administré selon un mode de gouvernance médicale dans laquelle le soin retrouve toute sa dimension humaine et dans laquelle l’impératif sanitaire prime sur l’impératif économique. La recherche de la rentabilité économique à tout prix, pourrait rapidement se retourner contre elle-même.
En effet, lorsque la santé est fragilisée, c’est toute notre économie qui le devient.
Préserver la santé et l’économie en pariant sur l’offre : un pari risqué !
Désormais le choix entre rentabilité ou santé devient un des défis majeurs du XXIième siècle que les gouvernements doivent relever.
Notre Gouvernement a choisi la santé, tout en protégeant notre économie grâce à des baisses d’impôts et à un plan de relance conséquent de plus de 100 milliards d’euros privilégiant l’offre. Ce qui le contraint en menant une politique sanitaire du « stop and go », à faire le pari que l’offre rétablira la croissance économique et réduira les déficits.
Alors que la crise sanitaire a creusé le déficit public, le pari semble risqué.
En privant les budgets publics de recettes durables, cette politique de l’offre va peser sur les capacités d’action de l’Etat à réduire les inégalités et à renforcer la santé. Elle va contraindre les Pouvoirs Publics à réduire les dépenses publiques pour maîtriser le déficit au risque de subordonner de nouveau la santé à l’économie.
…Mais le pari de l’offre pourrait être gagné selon certaines conditions…
Or, ce pari de l’offre pourrait être gagné à condition d’accroître la taxe sur les transactions financières afin de soutenir le développement des systèmes de santé de chaque pays membre de l’Union Européenne.
Il pourrait aussi être gagné, à condition d’augmenter l’imposition des revenus du capital des 1% des plus riches de notre économie afin de transférer une partie des placements financiers vers l’économie réelle.
Ces mesures fiscales solidaires favoriseraient la relance de la croissance économique financée par l’épargne plutôt que par l’emprunt et empêcheraient ainsi le retour de l’austérité après la crise.
Enfin le pari de l’offre pourrait être également gagné, à condition que la santé devienne un indicateur économique au même titre que les indicateurs conjoncturels tels que : le PIB, le chômage, l’inflation et le commerce extérieur, servant de guide pour les politiques économiques.
Cette introduction permettrait ainsi à la politique de l’offre de pouvoir concilier le monde humain avec le monde des écosystèmes, préservant ainsi à la fois la santé et notre économie.
G.F.