P.M.ROMER

Au milieu des années quatre-vingt, Paul Romer
publie "increasing returns and long run growth", et R.Lucas écrit
"On the mechanics of economic development". Ces deux articles fondent
le socle de la "théorie de la croissance endogène",
qui cherche à expliquer la croissance par le processus même
de l'accumulation, et non par des facteurs exogènes à
l'activité économique.
On part de deux constatations:
D'une part, à population constante,
la plupart des pays ont connu des phases de croissance longue.
D'autre part, les taux de croissance par
tête peuvent nettement varier d'un pays à un autre.
Ces deux remarques entrent en contradiction
avec les présupposés de la théorie néo-classique,
particulièrement avec le modèle de Solow. La démarche
de Romer consiste donc, dans le cadre de raisonnement néo-classique,
à modifier certaines hypothèses pour mieux coller
à la réalité. De fait, on fait intervenir des
facteurs extérieurs classiques, comme le travail, mais qui
ont la particularité de se transformer pendant le processus
de production, ce qui permet d'expliquer la croissance. Cette "externalité
positive" peut être le résultat d'un apprentissage,
de la formation ou du progrès technique, qui deviennent le
moteur de la croissance.
Toutefois, l'idée d'externalité
est associée à celle d'inefficience, au sens de
Pareto, car dans le cadre élaboré par les théoriciens
de la croissance endogène, certaines interactions ne passent
pas par les mécanismes du marché.
En présence d'externalités,
les entreprises sont conduites à prendre des décisions
les conduisant sur une trajectoire sous-optimale.
Une politique de l'Etat, qui incite les
entreprises à investir, peut alors entraîner une
augmentation du bien-être collectif.
Cette réhabilitation du rôle
de l'Etat, pour surprenante qu'elle paraisse dans ce cadre de
pensée, semble confirmer le fait que le marché et
l'Etat sont complémentaires et non rivaux.
P.M.Romer : "Increasing returns and long-run growth",
journal of political economy, 1986.
P.M.Romer : "Endogeneous technical change", journal
of political economy, 1990. |